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Sur la piste des Gardians
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Le soleil se lève sur l'étang du Vacarès, nimbant d'or les eaux plates de la lagune. Chapeaux, ponchos et bottes, les cavaliers progressent lentement à travers les "sansouires" (les marécages). Entre les touffes vertes des salicornes (ingrédient indispensable à la fabrication du savon de marseille), le sol se craquelle, et on voit çà et là effleurer des couches de sel. D'un fouillis de roseaux, sur les berges humides, décolle un héron cendré qui plane un long moment sur les étendeus immobiles. Dans l'air déjà chaud du matin, les chevaux s'ébrouent - des camarguais de pure souce, avec leur robe gris clair, leur folle cinière et leurs sabots larges, parfaitement adaptés aux terrains marécageux. En colonne, ils longent les rives du Vacarrès, suivent la digue des Cinq-Georges, remontent jusqu'aux étangs de Méjanes. Bientôt l'horizon semble disparaître, noyé dans cet immense paysage liquide qu'ont formé, en se mêlant, les eaux du Rhône et de la Méditerranée. Sauvage,
la Camargue? Pour explorer ce territoire aux rives incertaines, rien ne vaut la randonnée à cheval. Sur des kilomètres de sentirs interdits aux voitures, sansouires, tamaris, baisses (étangs à assèchement estival) et lagunes alternent. Avec leurs couchers de sosleil magiques, quand les étangs s'éclairent de rouges dans un lâcher de flamants roses. A cheval et avec un bon guide , on peut passer partout, y compris sur les manades, ces immenses propriétés privées consacrées à l'élevage des taureaux. Il suffit de pousser les portails qui délimitent les domaines. Ainsi, on approche au plus près de la vie des élevages camarguais. Un vieux mas de pierre orienté plein sud, dos au mistral, une treille où s'enroule la vigne, des écuries pour abriter les chevaux : au nord du Vaccarès, dans les paysages plats de la Petite-Camargue, la manade des Grandes-Cabanes se repère de loin. Ici, les guardians sont les héros du quotidien. Chargés de surveiller les troupeaux en semi-liberté, ils connaissent chaque parcelle de leur territoire semi-aquatique. Au printemps, ces cavaliers rassemblent les jeunes bêtes pour les marquer au fer rouge. Chaque manade a son blason, qui fera ou défera sa glore dans les arènes, à la saison des courses à la cocorde. Et toute l'année, il faut trier les troupeaux et les déplacer d'un pâture à un autre. A ce travail, les cavaliers occasionnels peuvent participer... |
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Equipée sauvage entre ciel et mer. Pour
rejoindre la mer, on traverse le Petit-Rhone en bateau par le bac
du Sauvage : à bord, les chevaux sont prioritaires ! Puis
on coupe à travers les dunes. Du phare de la Gacholle aux
Saintes-Maries, sur des kilomètres, s'étend une plage
immense, séparée des terres par un cordon de dunes.
Dans ces grands espaces, le bonheur est au bout de la bride du cheval
: galoper au ras des vagues sur le sable blond, longer les dunes
où le vent fait frissonner les oyats ... A midi, on s'arrête
pour un barbecue à l'ombre de la pinède : au menu,
tapenade, grillades au feu de bois et cru du pays. Au bout des chemins
de Camargue, à l'extrémité du delta, l'église
blanche des Saintes-Maries-de-la-Mer veille, coeur vivant d'un petit
village tout blanc. Elle fut fortifiée pendant la guerre
de Cent Ans, pour la protéger des incursions des pirates
qui ravageaient la Provence en remontant le Rhône. Dans sa
crypte, repose Sarah, la patronne des gitans, vénérée
pour sa chevelure noire et sa peau bistrée. Cette simple
servante accompagna , dit la légende, Marie-Jacobé,
soeur de la Vierge et Marie-Salomé, mère de l'apôtre
Jean, dans leur fuite hors de Palestine. Source : Point de vue - Mai 2002 - article de P. Desclos |
Pour
en Savoir Plus |
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Manadier : un métier, une vocation Le manadier : « un homme épris de liberté, à l'esprit rebelle, un brin frondeur, toujours en quête de tradition et de fêtes rythmées au son des chants et des guitares... ». C'est ce que vous pourrez lire dans les dépliants touristiques qui voudront vous vendre une authentique journée dans une manade. Loin de cette image d'Épinal (qui reste néanmoins une source de revenu non négligeable), le métier de manadier revêt une réalité tout autre. Le quotidien
d'un manadier ? Savoir conduire
l'abrivado... C'est dire
que le manadier doit être à la fois vétérinaire,
comptable, imprésario, maquignon, et un peu sorcier s'il veut s'en tirer. Et vient
alors, peut-être, la récompense : celle de sortir un taureau, qui,
en 10 ans de carrière va écumer toutes les pistes de Provence
et du bas Languedoc avec son nom en gros sur les affiches, un de ces taureaux
qui vous décroche le « biou d'or », draine la grande foule
et charge votre tablier de cheminée et vos étagères de
coupes et de trophées. Ce jour-là, alors, vous êtes fier
de vous, vous savez que tout ce combat n'a pas été mené
en vain, vous êtes enfin un manadier ! Source : Témoignage d'un manadier, 24 Mars 2002 |
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